“La réforme des retraites est essentielle quand on se compare en Europe”, a déclaré le président Emmanuel Macron fin janvier. Depuis la présentation du projet de loi, des comparaisons avec tel ou tel pays européen reviennent régulièrement dans le débat, qu’il s’agisse de justifier la réforme ou, au contraire, de la critiquer.
Mais est-il vraiment pertinent de faire un parallèle entre le New State Pension britannique, basé sur une forte dose de capitalisation, et la France, qui privilégie la répartition ? Les Baltes, dont plus d’un tiers des ressources de retraite sont constituées de revenus d’activité (en tant que retraités), et les Français, qui travaillent le moins en Europe une fois à la retraite ?
Régimes de retraite différents, capitalisation plus ou moins importante, différences d’âge légal de départ à la retraite, d’âge réel ou de niveaux de pension : les contrastes d’un pays à l’autre sont si forts qu’il devient risqué de ne prendre qu’un élément pour comparer les pays.
Un modèle de paiement à l’usage, ou pas
Au cœur de l’esprit du système de retraite par répartition se trouve l’idée que les travailleurs cotisent pour les générations précédentes. A l’inverse, la capitalisation consiste à cotiser uniquement pour soi (ou pour son entreprise) et à recevoir son pécule une fois à la retraite.
Tous les pays européens ont un système de retraite par répartition… mélangé à une capitalisation à des degrés divers. Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, les sommes gérées par les fonds de pension ou les fonds de pension privés représentent plus de la moitié des dépenses totales de pension.
Seule exception à la percée de la capitalisation, la France fonctionne entièrement en répartition, tant pour son régime de base que pour les régimes complémentaires – ce qui ne vous empêche bien sûr pas de vous constituer une épargne pour votre retraite. Ce principe n’est pas remis en cause par la réforme proposée par le gouvernement.
Autre différence : au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, il existe un forfait de base, un montant minimum versé aux retraités, quel que soit leur niveau de salaire. Bien que ce mécanisme soit dans son principe fortement redistributif, le forfait est relativement faible par rapport au niveau de vie : il représentait 830 euros pour un retraité britannique et 1 300 euros pour un Néerlandais. Dans tous les autres pays, qui fondent le système obligatoire sur le salaire, le niveau des pensions varie énormément : entre un tiers de l’ancien salaire dans les pays baltes et 90 % en Hongrie ou au Portugal.
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