Réforme des retraites : une dernière ligne droite à haut risque pour Emmanuel Macron

Ses proches le répètent depuis des années, comme un mantra : Emmanuel Macron est joueur, il aime “prenez votre risque”. Cette semaine, le président de la République sera servi. Sa réforme des retraites, rejetée par la rue, entame sa descente définitive au Parlement. Quatorze députés et sénateurs doivent se réunir mercredi 15 mars lors d’une commission paritaire mixte (CMP) pour tenter de trouver une version du texte acceptable par les deux chambres. Si ce CMP est concluant, le Sénat puis l’Assemblée nationale se prononceront, jeudi 16 mars, sur cette version.

Sauf que la piste d’atterrissage de l’Assemblée nationale est plongée dans un épais brouillard. L’exécutif ne sait toujours pas s’il dispose de suffisamment de voix pour adopter le projet de loi, en raison de quelques députés majoritaires récalcitrants et d’une droite divisée. Cela laisse l’ombre d’un recours à l’article 49.3 de la Constitution, permettant d’adopter un texte sans vote. Une option très risquée démocratiquement. Si la mobilisation faiblit, samedi 11 mars, les opposants ne désarment pas, avec une huitième journée de mobilisation prévue mercredi 15 mars. “On navigue à vue et on essaie de traverser pas à pas”résume l’entourage du Premier ministre, Elisabeth Borne.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’amertume des manifestants contre la réforme des retraites face à un “gouvernement qui reste sourd”

Dimanche, m.moi Borne a invité les ministres concernés par le texte à Matignon pour mettre en œuvre la stratégie et montrer sa détermination. A l’issue de cette réunion, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a présenté l’objectif : dans la mesure du possible, ne pas forcer. ” Nous ne voulons pas du 49.3. Nous voulons transformer notre majorité relative en majorité absolue », il a dit. Sur France 2, Gabriel Attal, ministre délégué chargé des comptes publics, a répété qu’adopter le texte sans vote n’était pas la piste privilégiée, sans l’exclure définitivement, puisque l’article 49.3 apparaît “par définition dans la Constitution”. Il reste quatre jours à M.moi Bollard pour chasser les votes des élus. Afin de mobiliser ses troupes, elle réunira lundi 13 mars une dizaine de députés de la majorité.

“Le débat démocratique a eu lieu”

Le ciel de Matignon s’est un peu éclairci dans la nuit de samedi à dimanche. Avec 195 voix pour et 112 contre, les sénateurs ont adopté la réforme. Un résultat obtenu au forceps après le recours à l’article 44.3 de la Constitution. L’utilisation de cette procédure de « vote unique » a accéléré les débats mais provoqué la colère de l’opposition de gauche, dont les amendements ont été brutalement balayés. L’exécutif assume. L’Elysée et Matignon craignaient que “l’obstruction” de l’opposition les empêche d’obtenir un vote parlementaire sur un texte dont l’examen n’était pas terminé à l’Assemblée nationale. “Le débat démocratique a eu lieu”dit Matignon, soucieux de veiller à la légitimité d’une réforme très contestée.

Il vous reste 67,79% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *