Retraites : après un conclave à l’Elysée, Emmanuel Macron pousse pour retrouver une majorité

Environ deux ou trois voix. Mercredi 15 mars, réunis depuis 20h30 dans le salon vert de l’Elysée, Emmanuel Macron, son Premier ministre, Elisabeth Borne, Olivier Dussopt, ministre du Travail, et Franck Riester, chargé des relations avec le Parlement, font et refont le comptes. A moins de vingt-quatre heures du vote décisif sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le constat est amer : malgré toutes les concessions accordées au parti Les Républicains (LR), et malgré les efforts déployés depuis trois mois pour assouplir relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, aucune majorité claire ne se dégage. L’issue concluante en commission mixte paritaire, dans l’après-midi de mercredi, n’a pas permis d’actionner l’aiguillage.

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Emmanuel Macron est-il prêt à tenter le vote jeudi à l’Assemblée nationale, au risque de subir un échec retentissant, puis de subir une douloureuse seconde lecture au Parlement ? Ou se résoudra-t-il à utiliser le très redouté 49.3 pour faire adopter son projet sans vote, quitte à électrifier davantage le pays ?

L’idée plane dès le départ : cet automne, le gouvernement a choisi de réformer les retraites à l’aide d’un texte financier pour ménager une « cartouche » de 49,3 %. Mais Elisabeth Borne freine. Le chef du gouvernement refuse d’accepter cet outil constitutionnel décrit par Philippe Martinez, chef de file de la CGT, comme “pas glorieux”, et présenté par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, en tant que « vice démocratique ». Mardi, depuis le Palais-Bourbon, le Premier ministre martelait encore que“une majorité existe”.

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“On est dans l’épaisseur de la ligne”

Mais peu après 21 heures, le comité très serré autour du président de la République avoue nager en eaux troubles : le décompte oscille entre deux ou trois voix au-dessus ou en dessous de la ligne de flottaison. De précieux bulletins manquants sont recensés dans les groupes alliés d’Emmanuel Macron, à Horizons et au MoDem. « Nous sommes dans l’épaisseur de la ligne. Quand on est dans l’épaisseur de la ligne, on ne va pas au vote normalement », s’inquiète l’un des participants à la sortie de l’Elysée. L’hypothèse d’un 49,3 grandit de minute en minute.

A 21h57, c’est une option plus audacieuse qui est diffusée par la voix des leaders de la majorité : le président de la République voudrait aller aux urnes. En cas d’échec, il serait prêt à prononcer la dissolution de l’Assemblée pour provoquer des élections législatives anticipées. Bluffer? Coup de pression ? “Ça aurait du panache”salue le sénateur de la Côte-d’Or François Patriat.

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