Sous pression face à l’inflation et des salariés en position de force, la direction revoit à nouveau ses budgets à la hausse, selon la dernière étude Deloitte.
En 2023, les salaires dans les entreprises devraient à nouveau augmenter sensiblement. Selon la Dares, l’indice des salaires mensuels de base (le SMB), qui représente le salaire brut hors primes dans le secteur privé, a augmenté l’an dernier de 3,8 % sur un an.
Mais face à l’inflation et aux salariés en position de force dans de nombreux secteurs, il faudra un nouveau coup de pouce, les directions devront mettre la main à la poche qu’il s’agisse de nouvelles augmentations ou de primes.
Selon la dernière étude* de Deloitte sur la question (le cabinet mène plusieurs fois par an des enquêtes dans le cadre du NAO dans les entreprises, les négociations annuelles obligatoires), “dans un contexte d’inflation couplée à une forte pression sociale et des tensions énergétiques, les entreprises restent privilégient tous les dispositifs en leur possession et confirment leur tendance à revoir à la hausse les budgets d’augmentation pour l’année 2023 ».
+6,5 à +7% sur deux ans
Concrètement, les budgets prévisionnels d’augmentation pour 2023 (c’est-à-dire l’enveloppe globale dédiée à ces augmentations) ont été relevés depuis cet été pour atteindre +4,8% pour les ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise (OETAM) et +4% pour les cadres.
Lors de la dernière étude similaire de Deloitte en octobre dernier, les prévisions d’augmentation de ces enveloppes étaient de 4 % pour les OETAM et de +3,9 % pour les cadres. Ces budgets favorisent donc les bas salaires, selon le cabinet.
De quoi approcher les niveaux d’inflation des estimations de Deloitte. “En additionnant les augmentations effectives pour 2022 et les budgets envisagés, les augmentations médianes seraient respectivement de 7% pour les non-cadres et de 6,5% pour les cadres sur 2 ans, ce qui permet de se rapprocher du niveau de l’inflation” peut-on lire.
patchwork de leviers
Ces moyennes recouvrent évidemment des réalités sectorielles légèrement différentes. « Les secteurs Énergie & Utilities, Industrie, Biens de consommation et Industrie de la santé affichent des prévisions de hausses budgétaires médianes (hors promotion et ancienneté) de plus de 4,4 %, tandis que le secteur public et les entreprises à but non lucratif envisagent des budgets médians de 2,1 % (hors promotion et ancienneté) », a déclaré Deloitte.
Si l’augmentation individuelle ou générale est le principal levier utilisé par les entreprises, d’autres outils sont utilisés. Certaines améliorent le pouvoir d’achat des entreprises, d’autres représentent aussi un moyen de fidéliser les salariés qui sont parfois tentés de chercher ailleurs, pas seulement pour des questions salariales.
« Les entreprises préfèrent prendre en considération un patchwork de dispositifs dans le cadre du NAO 2023 » confirme Franck Chéron, Partner Human Capital Deloitte.
Ainsi, 45% des entreprises proposent un forfait mobilité durable et 42% ont mis en place une prime transport (distincte du paiement des abonnements aux transports en commun).
Value Sharing Premium : un montant médian en forte hausse
Le Value Sharing Bonus (PPV) est également populaire. “L’an dernier, seulement 29% des entreprises interrogées avaient utilisé ce levier, pour un montant médian de 300 euros” avance Deloitte.
Cette année, « près de la moitié des entreprises interrogées incluent le versement du PPV dans leurs négociations annuelles obligatoires, avec des montants médians en augmentation, respectivement de 1 000 euros pour les OETAM (+125 euros depuis octobre 2022) et de 840 euros pour les cadres (+340 euros). depuis octobre 2022) » explique l’enquête.
Le PPV a bénéficié à 5,5 millions de salariés en 2022, précise le gouvernement. Elle a été versée pour un montant total de près de 4,4 milliards d’euros.
Quant au télétravail, il “est devenu une mesure incontournable avec une mise en place dans toutes les entreprises interrogées, mais avec des modalités d’accompagnement très hétérogènes. Ainsi, seule une entreprise sur deux propose une compensation liée aux surcoûts générés par le télétravail” explique Deloitte.
* : L’étude flash sur les budgets d’augmentation 2023 s’appuie sur un panel de plus de 160 entreprises interrogées sur les mois d’octobre 2022, décembre 2022 et février 2023, au sein des principaux secteurs d’activité (Distribution, FMCG, Banques Assurances, Industrie de la santé , Industrie de transformation, Energie et Utilities, Télécom et Média…).