Les députés ont approuvé un amendement du groupe indépendant Liot pour préserver une “organisation duale” entre l’Institut et l’Autorité de sûreté.
Revers pour l’exécutif : l’Assemblée nationale a rejeté mercredi en première lecture la réforme controversée de la sûreté nucléaire, quelques voix de la majorité rejoignant la gauche pour s’opposer au “démantèlement” de l’Institut dédié à la sûreté (IRSN).
Le gouvernement souhaite fonder l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, au sein de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), gendarme de la centrale.
Mais les députés ont approuvé à main levée un amendement de Benjamin Saint-Huile, du groupe indépendant Liot, pour conserver une “organisation duale” entre l’Institut et l’Autorité de sûreté, démêlant l’ensemble de cet article sensible du projet de relance nucléaire loi.
Cependant, le sujet n’est pas clos. Le projet de loi, actuellement à l’étude à l’Assemblée, doit encore poursuivre sa navette parlementaire.
La gauche a protesté contre la “ruée” d’une réforme “hussarde”, une “proposition dangereuse” selon la députée écologiste et ancienne ministre Delphine Batho. C’est un “démantèlement régulier”. “Nous avons besoin de cette indépendance de la recherche, au sein de l’IRSN”, a insisté l’Insoumise Aurélie Trouvou.
Quelques voix de la majorité, dont celle de l’ancienne ministre Barbara Pompili (Renaissance) sont également montées au créneau.
“Sans aucune étude d’impact”, “c’est de la folie de nous jeter ça comme ça, contrairement aux conclusions de tous les travaux parlementaires depuis dix ans” sur le sujet, a-t-elle dit. “Je suis choqué”.
“Je suis choqué”
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher lui a directement répondu en s’adressant à elle : “vous savez parfaitement que cette réforme et cette remise en cause étaient déjà en cours il y a quelques mois, nous n’allons pas entrer dans ce débat”.
“Il n’y a de changement, à aucun moment, d’aucune ligne de nos procédures de sûreté nucléaire”, a-t-elle martelé.
Et pourquoi cette fusion maintenant ? “Parce que c’est maintenant que nous organisons la mobilisation de toutes les compétences de la filière pour être prêts à réussir un programme de relance du nucléaire”, a-t-elle répondu aux parlementaires.
Le MoDem, divisé sur le sujet, a voulu proposer un amendement de compromis avec une commission parlementaire de suivi.
Chez LR, bien qu’un “peu surpris sur la forme”, Jérôme Nury a estimé que ce rapprochement pouvait être un “garant d’efficacité” pour “alléger les procédures”. “Le ciel ne nous tombera pas sur la sûreté nucléaire s’il y a fusion entre l’ASN et l’IRSN”, selon l’élu.