Le moindre de leurs gestes sera scruté, disséqué et deviendra une ligne de données. Lorsqu’ils entreront sur la pelouse de l’Aviva Stadium de Dublin samedi 11 février (15h15 heure de Paris) pour leur deuxième rencontre du Tournoi des Six Nations, les joueurs du XV de France seront comme une colonie de fourmis sous la loupe verre d’un observateur. Chaque mouvement sur la première touche entre les Bleus et l’Irlande – et toutes les actions ultérieures – alimentera une base de données, match après match, dont l’objectif est clair : améliorer la performance globale et laisser le moins de place possible au hasard. Passionné « d’analytics » et de tout outil capable de peaufiner son appareil, Fabien Galthié, l’entraîneur français, a intégré la data – c’est-à-dire des données statistiques qui peuvent être collectées, décortiquées et analysées – dans l’arsenal de son staff.
« Nous avons mis à disposition du XV de France une plateforme qui permet de centraliser les données de match, les données d’entraînement et les données GPS, de les analyser, de les visualiser et même de faire du machine learning et de l’intelligence artificielle avec celles-ci », explique Charlotte Douette, datascientist chez SAS. En novembre 2022, le leader français de l’analyse a conclu un partenariat avec la Fédération française de rugby (FFR) pour “Insérer des données dans le processus décisionnel des staffs et équipes de France de rugby”.
Pour Fabien Galthié, habitué des interventions en entreprise – il est notamment intervenu chez SAS – au cours desquelles il a observé que “L’analyse des données est un outil d’aide à la décision dans le monde de l’entreprise depuis vingt ans”le processus est logique. « Nous avons réfléchi à la façon de l’intégrer dans notre maisona exposé le Technicien du Lot en novembre, en voulant répondre à ces questions simples : comment mieux s’entraîner pour être meilleur en match ? Comment battre notre prochain adversaire ? Qu’ont fait les équipes qui l’ont battu, et celles qui ne l’ont pas fait ? »
“Plan de bataille technologique”
Qualifié pour “plan de bataille technologique” par la FFR, le dispositif est développé conjointement entre l’entreprise et les salariés français depuis près de deux ans. « Nous avons commencé par le toucher, une action stratégique [au cours de laquelle] vous pouvez perdre le ballon ou le voler à l’adversairedit Charlotte Douette. Et, comme on ne connaissait pas vraiment le monde du rugby, il fallait s’imprégner de ce milieu, acquérir son vocabulaire. » Depuis 2019, SAS a décortiqué 1 492 matchs (internationaux, Top 14, ou moins de 20, série en cours), et liste chaque action – position du joueur, lignes de côté, vitesse de lancer et distance… Le résultat expose les forces et les faiblesses des deux équipes, et permet à Karim Ghezal, coach en charge de la conquête et des tâches spécifiques – et plus précisément du toucher – d’adapter son système.
Il vous reste 60,54% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.