Entre les grèves reconductibles qui touchent certains secteurs et l’appel à la mobilisation de l’intersyndicale le 15 mars, de nouvelles perturbations sont à prévoir cette semaine.
Le différend continue. Pour la huitième fois depuis le début du mouvement social, les syndicats appellent les Français opposés à la réforme des retraites à battre le pavé mercredi 15 mars. Une date qui n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle se situe au cœur d’une semaine qui s’annonce décisive avec l’arrivée du texte de loi en commission mixte paritaire le même jour.
Transports, éducation, énergie… Cette nouvelle journée d’action devrait générer des perturbations majeures dans certains secteurs de l’économie. D’ici là, les mouvements de grève reconductibles entamés cette semaine se poursuivront lundi pour accroître la pression sur le gouvernement. Aperçu.
• SNCF
A la SNCF où les syndicats ont appelé à une grève reconductible, le trafic devrait rester perturbé dans les prochains jours. “Il faut frapper très fort demain (lundi, ndlr). Et je peux vous dire qu’il y aura beaucoup plus de grévistes à la SNCF demain que vendredi”, a assuré sur BFMTV Julien Troccaz, délégué syndical Sud Rail. “Nous appelons à la généralisation de la grève, il faut amplifier”, a-t-il expliqué.
“Nous sommes déjà au 7e jour de grève et demain il y aura encore plus d’un train sur deux annulé sur tout le territoire national, notamment dans le Transilien et le TER mais aussi sur les grandes lignes et à l’international”, a également déclaré Matthieu Bolle-Reddat, secrétaire général CGT Cheminots de Versailles sur BFMTV.
Par ailleurs, ses informations montrent que les déclarations individuelles d’intention de grève vont repartir à la hausse “mercredi” pour la journée de mobilisation à l’appel de l’intersyndicale, a-t-il assuré. Et même au-delà, “en renouvelable”. Les prévisions de trafic pour les TGV, Intercités et Transiliens doivent être communiquées ce dimanche à 17 heures par le groupe ferroviaire.
• RATP
Autre stratégie à la RATP où l’intersyndicale appelle à la grève pour l’unique journée du 15 mars. En conséquence, “la circulation sera quasi normale dans le métro et sur la ligne A du RER” et “normale sur les réseaux bus et tramway”. » lundi, la RATP a déjà indiqué. En revanche, “le trafic sera perturbé sur la ligne B avec en moyenne 2 trains sur 3 et l’interconnexion maintenue à Gare du Nord”.
Dans le trafic aérien, la situation du trafic devrait s’améliorer en début de semaine. Cependant, aucune prévision n’a été communiquée pour le 15 mars à ce stade, mais des annulations de vols ne sont pas à exclure. Entre 20 et 30 % des vols avaient été annulés lors des deux dernières journées de mobilisation les 7 et 11 mars.
• Carburants
Les blocages devraient également se poursuivre dans plusieurs raffineries à travers le pays. Sur le site TotalEnergies de Donges, “l’intersyndicale CGT, CFDT, FO a reconduit le mouvement jusqu’à jeudi, 21 heures”, a indiqué sur BFMTV Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire CGT de la raffinerie. “Il peut se passer beaucoup de choses dans la semaine. Le personnel est déterminé. (…) Sur tous les sites pétroliers, ou presque, les mouvements de grève se poursuivent”, a-t-il ajouté.
Pour autant, “il n’y a pas de risque de pénurie” de carburant “dans les prochains jours”, a assuré sur notre antenne l’ancien président de l’Union des industries pétrolières (Ufip) Jean-Louis Schilansky. “Tout simplement parce qu’il y a 200 dépôts en France et que les stations-service peuvent être approvisionnées depuis les dépôts”, a-t-il déclaré.
En revanche, “si le mouvement devait durer plusieurs semaines, il pourrait y avoir un risque de pénurie”, a-t-il poursuivi. Mais pour l’instant, “ce n’est pas la même situation qu’en octobre. Aujourd’hui, ce sont juste les expéditions qui sont en grève, les raffineries tournent encore. (…) C’est une question de logistique plus qu’une question de production”, a expliqué Jean -Louis Schilansky.
• Éboueurs
A Paris, 5400 tonnes de déchets restaient non ramassées ce dimanche, selon la mairie, au septième jour de la grève reconductible des éboueurs contre la réforme des retraites qui devrait se poursuivre ce lundi.
Trois usines d’incinération aux portes de la capitale, celles d’Ivry-sur-Seine, d’Issy-les-Moulineaux et de Saint-Ouen, sont également à l’arrêt, expliquant ces débordements de poubelles dans certains quartiers, parfois alignés sur toute la largeur de la trottoirs. L’agence métropolitaine des ordures ménagères Syctom a indiqué qu’elle détourne les bennes vers une quinzaine d’autres sites de traitement ou de stockage et n’a pas, à ce stade, requis l’intervention des forces de l’ordre pour mettre fin au blocage de ses centres.
La capitale n’est pas la seule concernée. Plusieurs villes du pays sont également touchées par la grève des éboueurs qui a déjà été reconduite lundi dans certains cas, comme à Saint-Brieuc, rapporte Le télégramme.
• Éducation
Dans l’enseignement, les syndicats d’enseignants SNUEP-FSU ainsi que SUD Éducation ont déjà relayé l’appel à la grève pour la journée du 15 mars. Il est cependant trop tôt pour déterminer la proportion de grévistes. Du côté des lycéens, l’UNEF a également appelé à manifester le 15 mars “pour imposer une défaite au gouvernement”.
L’alimentation en gaz du réseau de distribution de GRT Gaz sera encore perturbée en début de semaine lorsque trois des quatre terminaux méthaniers (deux à Fos-sur-Mer et un à Saint Nazaire) qui permettent l’importation de gaz naturel liquéfié ont été suspendus pendant “sept jours” la semaine dernière. Les sites de stockage de gaz sont également concernés. Sur le site Storengy de Céré-la-Ronde, par exemple, une assemblée générale aura lieu lundi pour décider de la poursuite du mouvement entamé mardi, selon France Bleu.
• Ports
La fédération CGT des ports et docks a appelé à une grève de trois jours mi-mars dans le cadre de la mobilisation nationale contre la réforme des retraites.
Se disant dans un communiqué “plus que déterminé”, la fédération nationale des ports et docks de la CGT appelle “tous les travailleurs” à manifester le samedi 11 mars et à un “arrêt de travail de 72 heures” les 14, 15 mars. 16 mars.
Pour le jeudi 16 mars, la CGT Ports et Docks annonce une nouvelle journée “ports morts” pour le blocage des infrastructures. Le syndicat appelle également les salariés à “continuer à arrêter les heures supplémentaires et les rotations exceptionnelles”.