La porte-parole de la plateforme Tagaday estime qu’il faudra 30 ans pour que les femmes et les hommes aient le même temps de parole dans les médias.
“Une personne sur cinq interrogée dans les médias est une femme”, note Jean-Maurice Galicy, le porte-parole de la plateforme Tagaday, invité mercredi 8 mars sur franceinfo. A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la plateforme livre son 11ème Observatoire sur la parité dans les médias. Parmi les secteurs ou rubriques où les femmes sont les moins visibles, il y a “le monde des affaires”, où ils ne représentent qu’un “très mince 1%” des répondants”.
franceinfo : Quels sont les résultats de votre 11e Observatoire de la parité des médias ?
Jean-Maurice Galicy : Nous sommes encore assez loin de la parité. Nous avons 21,4 % de femmes présentes dans les médias au cours des deux premiers mois de 2023, contre 20,4 % en 2022. Une personne sur cinq interrogée dans les médias est une femme selon notre classement. Si nous essayons d’avoir une note positive, nous pouvons revenir sur les dernières années. Nous avions au minimum 15% de femmes en 2015 et aujourd’hui nous en avons 21%. Dans une certaine mesure, nous progressons. Ce n’est ni linéaire ni écrasant, mais il y a une vraie progression.
“A ce rythme, il faut trente ans pour atteindre la parité dans les médias.”
Jean-Maurice Galicysur franceinfo
Quel est le secteur des médias où les femmes s’expriment beaucoup moins que les hommes ?
Dans la catégorie des médias d’affaires, business, autour du monde de l’entreprise, on est sur un très maigre 1% de femmes. Elle est principalement liée au fait que la presse écrite, régionale, nationale ou les médias audiovisuels sont liés à ce qui se passe dans la société. C’est clairement une question de représentations : s’il y a moins de femmes qui dirigent, il y aura forcément moins de possibilités pour elles d’être remises en cause. Nous n’avons, par exemple, que trois femmes qui dirigent des entreprises du CAC 40. Bien qu’il y ait plus de femmes dans les conseils d’administration aujourd’hui, de nombreuses femmes managers m’ont dit que les hommes répondent plus facilement aux sollicitations médiatiques, là où les femmes hésitent davantage.
La libéralisation de la parole avec MeToo n’a-t-elle pas apporté de profonds changements ?
Nous nous attendions à un changement plus important. On voit qu’il y a un déclic, car on passe de 19% avant MeToo, à 21% aujourd’hui, mais ce n’est pas un bond gigantesque. Ce n’est pas à la hauteur de ce que l’on pourrait imaginer. Maintenant, il y a aussi des initiatives dans les médias qui montrent des résultats intéressants. Le journal Ouest-France fait un véritable bilan de ses entretiens avec des femmes. Ce média compte désormais 36% de femmes interrogées. Radio France a également mis en place une charte de la diversité pour ses stations.