L’Ukraine est devenue, en 2022, le troisième importateur d’armes au monde, derrière le Qatar et l’Inde, alors qu’elle achète très peu depuis la chute de l’Union soviétique en 1991. La conclusion du rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm ( Sipri), publié lundi 13 mars, n’a rien d’étonnant, un an après l’invasion du pays par la Russie, obligeant Kiev à s’approvisionner massivement en matériel militaire auprès des États-Unis et, dans une moindre mesure, des Européens.
Si l’on ajoute les craintes de pays comme la Pologne et la Norvège, l’année dernière a vu un quasi-doublement (+93%) des importations vers le Vieux Continent. Et tout indique qu’avec l’augmentation de la plupart des budgets militaires, cette tendance se confirme en 2023.
L’Institut de Stockholm, dont les travaux font référence, privilégie des périodes de cinq ans pour mieux décrire les tendances du marché. Entre 2018 et 2022, le poids respectif des trois principaux exportateurs – États-Unis, Russie et France – a considérablement évolué par rapport à la période 2013-2017. Les Américains ont gagné des parts de marché et en détiennent désormais 40 %. Les Russes passent de 22 % à 16 %, et la France réduit son écart avec eux, de 7,1 % à 11 %, loin devant la Chine (5 %) et l’Allemagne (4 %).
Principaux clients de l’Inde, du Qatar, de l’Égypte et de l’Indonésie
Moscou conserve des clients très fidèles avec la Chine (+ 39%) et l’Egypte (+ 44%). Mais il est “Il est probable que l’invasion de l’Ukraine limitera davantage les exportations d’armes de la Russie”, prédit Siemon T. Wezeman, chercheur au Sipri. Moscou favorisera ses propres forces armées, tandis que Washington fera pression pour que les pays tournent le dos aux équipements russes.
Et le complexe militaro-industriel souffrira d’un manque d’éléments (microprocesseurs…), frappé par les sanctions occidentales. C’est la fin du duopole russo-américain, qui a longtemps dominé le secteur. L’écart entre la France et la Russie devrait encore se réduire, note le Sipri, puisque la première a “beaucoup plus de commandes d’armes en cours” que la seconde.
La base industrielle et technologique de défense française (BITD) en profite déjà, avec une hausse de 44 % de ses exportations en 2018-2022 par rapport aux cinq années précédentes, avec ses premiers clients : l’Inde, le Qatar et l’Égypte, tandis que l’Indonésie a signé le plus gros accord de l’année 2022 pour la livraison de 42 Rafale. L’Inde est un bon exemple de la montée en puissance de la France : elle y a supplanté les États-Unis et se rapproche de la Russie, fournisseur historique des forces indiennes.
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